
Joël Harder
Joël Harder vit et travaille entre la France et le Japon. Diplômé de l'Ensad (école nationale supérieure des arts décoratifs de Paris) et de l'Université Bunka Gakuen de Tokyo, son travail s'oriente autour de l'observation prolongée de divers milieux.
Doté d'un bagage technique conséquent grâce à ses expériences auprès de maîtres d'arts, Joël travaille en partenariat et en co création avec des personnes dont la pratique fait écho aux projets multi-sensoriels qu'il entreprend (nez, urbanistes, herboristes, maroquiniers etc.)
Sa pratique a été exposée à la grande halle de la Villette (avril 2022), au Cnam (centre national des arts et métiers, en novembre 2021), à la Paris Design Week (septembre 2021) etc. Il travaille actuellement à deux nouvelles expositions sur Paris dont un solo show en 2023.
Les travaux récents (2020- 2022) de l'artiste Joël Harder focalisent sur la disparition d'une forêt proche de la maison dans laquelle il a grandi. Ce bois bordant la rivière de l'Ardèche incarnait un ultime lieu permettant la rencontre de certains hommes homosexuels qui ne vivent pas leurs désirs au grand jour.
L'anonymat et l'intimité permise par cette ripisylve est aujourd'hui menacée par un projet de réaménagement par la mairie locale, qui vise à gentrifier l'endroit en influant sur la fréquentation du lieu.
Les pièces archivent et documentent le sentiment nostalgique de la disparition, le «nagori » comme l'exprime si bien la langue japonaise. Des végétaux et objets sont collectés dans ce bois, et sont conservés par une technique développée par l'artiste qui consiste en un moulage méthodique et méticuleux de ces objets avec un cuir.
Cette peau est travaillée avec des artisans spécialistes du parage (Florence Claunat, basée à Paris) afin d'arriver à une extrême finesse, amenant cette matière aux limites de sa matérialité. Ces herbiers s'inspirent d'une technique d'oshibana japonaise (apprise à Tokyo), qu'il réinvente aujourd'hui avec de nouveaux savoir-faire d'art, infusé de sa propre vision artistique.